Nouvelle-Calédonie - France

Quelques repères géographiques

Océanie, Nouvelle-CalédonieLa Nouvelle-Calédonie est un ensemble d'îles et d'archipels mélanésiens de l'Océan Pacifique sud, situé autour des coordonnées 21°30' Sud 165°30' Est, à environ 1200 km à l'est de l'Australie et 1500 km au nord-est de la Nouvelle-Zélande. Le pays insulaire de Vanuatu la borde au nord-est.

Nouvelle-CalédonieLa Nouvelle-Calédonie est centrée autour d'une île principale, la Grande Terre. Elle comprend également plusieurs ensembles d'îles plus petites, les îles Belep au nord de la Grande Terre, l'île des Pins au sud, les îles Loyauté à l'est (Ouvéa, Lifou, Tiga et Maré) et plus loin à l'ouest l'archipel des îles Chesterfield et les récifs de Bellone. La Grande Terre est nettement plus grande que toutes les autres îles. Les îles Loyauté, Lifou, Maré, Ouvéa, Tiga, sont situées à une centaine de kilomètres au large. Lifou est plus étendue que la Martinique. Sur une superficie de 16 372 km², la Grande Terre s'étire du nord-ouest au sud-est sur près de 400 km en longueur et 50 à 70 km en largeur. Elle est parcourue sur toute sa longueur par une chaîne montagneuse, dont le point culminant, le mont Panié, s'élève à 1628 mètres d'altitude.

Le lagon calédonien a une surface totale de 24 000 km², ce qui en fait l'un des plus grands lagons du monde (et que l'on présente également généralement comme "le plus beau lagon du monde") ; il est ceinturé par une barrière de corail d'une longueur de 1600 km, située entre 10 et 50 km des terres. La température des eaux varie entre 21°C et 28°C.

Le Territoire jouit d'un climat tropical océanique. La température annuelle moyenne est de 22,5°C. On partage l'année en deux saisons : la saison chaude, ou été austral, de mi-novembre à mi-avril, avec des températures de 25°C à 27°C (mais pouvant aisément dépasser les 30°C), commence avec une période de forte sécheresse mais finit avec de forts taux d'humidité. Elle comprend également la saison des cyclones qui peut s'étirer de fin-décembre à mai. La saison fraîche, ou hiver austral, est plus sèche, avec en moyenne des températures de 20°C à 23°C. La côte Est, humide, présente des paysages tropicaux (palmiers,...) tandis que la côte ouest, plus sèche, offre un paysage de brousse.

La capitale du pays, Nouméa, en est aussi la principale ville. Elle compte 91 386 habitants au dernier recensement de 2004. Le Grand Nouméa (avec les communes voisines de Païta, Dumbéa et Mont Dore) compte 146 000 habitants.

Quelques repères démographiques et linguistiques

Le terme Calédonie dérive du nom donné par les Romains au massif montagneux du nord de l'Écosse. James Cook lui-même d'origine écossaise par son père, baptisa ainsi l'archipel en souvenir de son île natale. La Nouvelle-Calédonie est aussi dénommée familièrement par les descendants de colons français et les zoreilles le Caillou, tandis que le terme Kanaky a une connotation indépendantiste et identitaire en référence au terme kanak, terme d'origine Hawaiienne, répandu dans le Pacifique par les navigateurs européens.

Le Français est la langue officielle, mais il existe 28 langues locales (qui sont des langues austronésiennes) dont quatre ont le statut (entre autres pour des raisons historiques) de "langue régionale" : deux sur la Grande Terre (le paicî dans la région de Poindimié, l'ajië dans la région de Houailou), et deux dans les Îles Loyauté (le nengone dans l'Île de Maré et le drehu dans l'île de Lifou auquel s'ajoute depuis peu le xârâcùù dans la région de Canala et de Thio). Les autres langues parlées par les communautés vivant dans l'archipel sont le bichelamar, le wallisien, le futunien, le tahitien, le vietnamien et l'indonésien.

Population : 230 789 lors du recensement 2004. Avec un solde migratoire apparent de seulement 7000 personnes entre 1996 et 2004. De 1996 à 2004, la population calédonienne s’est accrue d’environ 34 000 personnes, dont 27 000 au titre du solde naturel (naissances moins décès) et 7000 au titre du solde migratoire. Sur 230 789 habitants, 22 080 (9,5 %) vivent aux Îles, 44 474 (19,3 %) dans le Nord et 164 235 (71,2%) dans le Sud, qui regroupe ainsi entre deux tiers et trois quarts de la population calédonienne. La capitale, avec 91 386 habitants, rassemble 40 % des habitants du territoire et le Grand Nouméa pèse 146 000 personnes, soit 63 % de la population.

La Nouvelle-Calédonie est peuplée de différents groupes ethniques :

Quelques repères historiques

Comme l'attestent des fragments de poterie Lapita retrouvés, les premiers habitants de la Nouvelle-Calédonie, en provenance d'Asie du Sud-Est, auraient posé le pied sur le territoire, il y a environ 3000 ans. On appelle Lapita la période de 1300 à 200 av. J.-C. Durant la période suivante, Naia Oundjo, les Canaques (hommes en langage polynésien) maitrisent l'art de la pierre polie, et basent leur civilisation sur la culture de la terre (principalement ignames et taros).

Découverte (par les "occidentaux")

La découverte de l'archipel de Nouvelle-Calédonie a eu lieu assez tard dans l'histoire des découvertes océaniennes. L'Anglais James Cook ne l'aperçoit que le 4 septembre 1774, au cours de sa deuxième expédition. Il la baptise Nouvelle-Calédonie (Calédonie voulant dire Écosse en latin).

Emblème officiel de la Nouvelle-CalédoniePar la suite, l'île suscite plutôt l'intérêt de navigateurs français : La Pérouse (1785), d'Entrecasteaux (1792), Dumont d'Urville (1827), bien que quelques navigateurs anglais s'y rendent : Hunter (1791) et Kent (1803). De 1810 à 1840, l'île est de plus en plus fréquemment abordée par des baleiniers, des marchands, des trafiquants et des aventuriers de toutes sortes.

À partir des années 1840, les missionnaires catholiques (français) et protestants (anglais) travaillent à l'évangélisation des tribus kanaks. En 1864, une expédition militaire aux îles Loyauté est organisée pour mettre fin à l'influence anglaise protestante.

Le contre-amiral Fébvrier-Despointes prend possession de l'île à Balade (nord) pour la France, le 24 septembre 1853, et le 29 septembre il négocie l'annexion de l'île des Pins avec le grand chef Vandegou.

De 1853 à 1877, il y a un mouvement de colonisation pionnière vers la Nouvelle-Calédonie. C'est sous l'influence des pères maristes que la France a décidé de coloniser cette lointaine terre du Pacifique.

Napoléon III décide en 1863 de créer le bagne de Nouvelle-Calédonie. Les "transportés" (voir Cathédrale Saint-Joseph, Nouméa) arrivent entre 1864 et 1897. En 1872, les déportés politiques de la Commune de Paris y sont envoyés. Ils y côtoient les déportés de la révolte kabyle de 1871. Libérés, ils peuvent obtenir des concessions de 4 hectares sur l'île. En 1874, suite à l'évasion de six communards déportés dont Henri Rochefort, le gouverneur Gautier de la Richerie est remplacé par Léopold de Pritzbuër. Dans le décret du 12 décembre 1874 signé par Mac Mahon les pouvoirs du gouverneur sont étendus de même que ceux du directeur de l'administration pénitencière.

À partir de 1895, sous l'impulsion du gouverneur Paul Feuillet, on met fin au bagne et la colonisation libre est encouragée. Les colons européens reçoivent des terres pour produire du café tandis que l'immigration asiatique est encouragée pour l'exploitation minière qui débute en 1910. Fait notable : la Nouvelle-Calédonie est, avec l'Algérie, la seule colonie de peuplement française. Les Métropolitains y sont venus nombreux au point d'égaler le nombre des autochtones (on appelle Caldoches les métropolitains nés sur le territoire, alors que les immigrants sont dénommés Zoreilles).

Indigènes, Nouvelle-Calédonie, 1880Au fur et à mesure des vagues de colonisation, les Kanaks furent soumis au code de l'indigénat (qui n'est aboli qu'en 1946), ils n'ont jamais été mis dans des réserves. Frappée par les maladies, l'alcoolisme, et la sous-nutrition, la population autochtone, estimée à 100 000 personnes en 1853, n'en compte plus que 20 000 en 1920.

Une histoire tourmentée

Les Kanaks n'ont jamais vraiment accepté cette colonisation et des révoltes ont lieu tout au long du XIXème siècle. Entre 1850 et 1878 ce ne sont que des révoltes épisodiques, éparpillées dans tous les coins de l'île. La première révolte rassemblant plusieurs tribus autour du chef Ataï a eu lieu en 1878 et s'est soldée par la mort du chef (qui a été décapité par des Kanaks armés par les Français) et par un sentiment d'humiliation pour les Kanaks dont la population a rapidement décliné. D'autres révoltes ont eu lieu, en 1913 dans le nord, et une importante en 1917, dirigée par le chef Noël Doui, lui aussi décapité par des Kanaks. En 1931, un groupe de Kanaks est exposé dans une cage, à l'occasion de l'exposition coloniale de Paris (Didier Daeninckx en fait un récit dans son livre intitulé Cannibale).

La tentation américaine

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Nouvelle-Calédonie se rallie à la France Libre en 1940 et devient une base pour les Américains engagés dans la campagne du Pacifique. En 1942, 40 000 soldats américains débarquent en Nouvelle-Calédonie, triplant ainsi la population de l'île. Certains quartiers de Nouméa portent encore les noms des zones militaires américaines : Motor Pool, Receiving ...

Le maintien dans le giron de la République

Après la Seconde Guerre mondiale, les Kanaks espéraient profiter du mouvement de décolonisation pour se libérer aussi. Mais si, en 1946, le code de l'indigénat est supprimé et si les Kanaks obtiennent la citoyenneté française, ils n'obtiennent le droit de vote qu'en 1957. La Nouvelle-Calédonie est alors un territoire d'Outre Mer mais, alors qu'un mouvement de décolonisation s'amorce dans les autres colonies françaises dès les années 1950, la France affirme son autorité sur le territoire calédonien : en 1963 le Conseil de Gouvernement est placé sous l'autorité du Gouverneur et en 1968, la loi Billote retire à l'Assemblée territoriale de Nouvelle-Calédonie l'essentiel de ses pouvoirs, entre autres celui sur le nickel.

Dans les années 1960, la population kanak devient majoritaire, ce qui inquiète les colons, d'autant que des revendications commencent à s'exprimer. Si bien que les autorités métropolitaines décident d'encourager l'émigration vers l'île. Cette immigration est facilitée par le boum du nickel qui offre aux immigrants une perspective économique souriante. Entre 1969 et 1976, la population de l'île s'accroît de plus de 20 % avec près de 20 000 nouveaux immigrants. Si les Kanaks sont toujours plus nombreux que les Européens (environ 55 000 contre 50 000 en 1976), ils ne sont toutefois pas majoritaires, en raison de la présence d'autres communautés allogènes (26 000) : Asiatiques, Polynésiens et Wallisiens.

Le mouvement indépendantiste

Les mouvements autonomistes se sont radicalisés au cours des années 1970 avec la création des Foulards rouges puis du Groupe 1878 fondé en 1974 qui s'unissent dans un Comité de coordination pour l'indépendance, bientôt rejoints par l'Union multiraciale de Nouvelle-Calédonie qui vient de rallier le camp indépendantiste. L'union au sein du comité ne tient pas longtemps mais il a permis la restructurations des différents groupes : le Palika issu du Groupe 1878 et des Foulards rouges est fondé en décembre 1975. En 1977, l'Union calédonienne bascule elle aussi dans le camp indépendantiste.

Drapeau indépendantiste de la Nouvelle-CalédonieAvec l'élection de François Mitterrand en 1981 les attentes indépendantistes se font pressantes. Unis à partir de 1984 sous la bannière du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste), les espoirs indépendantistes sont rapidement déçus. Alors qu'ils comptaient sur la bienveillance du gouvernement socialiste, la mort du secrétaire général de l'UC, l'indépendantiste radical Eloi Machoro, le 12 janvier 1985, tué au cours d'une manifestation plonge les indépendantistes dans la douleur et la colère en rappellant l'assassinat, resté impuni, de son prédécesseur à ce poste, Pierre Declercq. Les nationalistes Kanaks considèrent qu'il s'agit d'un assassinat commandité par l'État français et couvert par Edgard Pisani, ministre de la Nouvelle-Calédonie. Même si le FLNKS appelle à l'apaisement cette disparition attise les rancœurs, ce qui explique l'attaque commando d'Ouvéa. En avril et mai 1988, la petite île d'Ouvéa, est en effet marquée par deux drames : l'attaque des locaux de la gendarmerie par un commando indépendantiste (4 gendarmes assassinés), suivie de l'assaut, 15 jours plus tard, de la grotte où ce commando retenait 22 gendarmes et un magistrat en otages. Le 5 mai 1988, à quelques heures du second tour de l'élection présidentielle entre François Mitterrand et son premier ministre, Jacques Chirac, cet assaut, baptisé "opération Victor", se solde par la mort de 19 indépendantistes et de deux militaires.

Les accords de Matignon

Suite aux violences des années 1980 entre indépendantistes (FLNKS) et anti-indépendantistes (RPCR, Rassemblement Pour la Calédonie dans la République), deux accords ont été conclus et signés à l'Hôtel Matignon à Paris sous l'égide des premiers ministres Michel Rocard en 1988 et Lionel Jospin en 1998.

Le 4 mai 1989, sur l'île d'Ouvéa, le président du FLNKS, Jean-Marie Tjibaou, et son secrétaire-général, Yeiwéné Yeiwéné, étaient assassinés. Leur meurtrier, Djubelly Wéa, un ancien pasteur et ancien militant du PALIKA, reprochait aux deux hommes d'avoir signé en juin 1988 les accords de Matignon avec l'État et leurs adversaires anti-indépendantistes du RPCR.

L'accord du 5 mai 1998 (Accords de Nouméa) prévoit un transfert de certaines compétences entre l'État et la Nouvelle-Calédonie dans de nombreux domaines à l'exception de ceux de la défense, de la sécurité, de la justice et de la monnaie. Un scrutin d'autodétermination (indépendance ou maintien dans la République Française) sera organisé à l'issue de cette démarche vers 2018 (au plus tard).

Le référendum du 8 novembre 1998 sur le territoire néocalédonien fait entrer l'accord de Nouméa en vigueur et marque le début du processus d'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie.

Quelques repères économiques

Le nickel (découvert par Jules Garnier au XIXème siècle), 30 % des réserves mondiales et 6 % de la production mondiale, est en plein développement, notamment depuis la hausse des cours poussée par la forte demande chinoise. Il représente 90 % des exportations du territoire.

Dans une moindre mesure, on trouve aussi du chrome, du cobalt, du fer, du cuivre et même de l'or (qui n'a été exploité en très faible quantité qu'au XIXème siècle). Le développement et la construction de fonderies devraient augmenter la valeur ajoutée des exportations, et mieux diversifier les sources de revenu du territoire, actuellement fortement basée sur l'exportation de minerai brut.

Le développement de ces activités se heurte cependant (surtout dans la province sud) à des considérations écologistes, défendues par une partie des représentants kanaks locaux (divisés sur la question). En effet la Nouvelle-Calédonie possède le second plus grand récif corallien du monde, et certains partis autochtones cherchent à faire classer ce récif au patrimoine mondial de l'humanité pour le préserver. Au contraire le gouvernement coutumier de la province nord est l'initiateur de projets industriels similaires destinés à mieux répartir les activités économiques trop concentrées dans la province Sud.

L'agriculture et la pêche sont peu développés, et essentiellement vivrière. Si elle représente 6 % du produit intérieur du territoire, elle emploie 30 % de la population active, et contribue à limiter l'exode rural vers la province Sud. Les principales exportations concernent la crevette de mer (produite par la pêche côtière, mais de plus en plus produite par l'aquaculture d'espèces hybrides), et le cerf.

Quelques repères personnels

Séjour : novembre 2004, 3 semaines, environ 32 heures de voyage (départ de France).

Sources d'information : liens, articles, ouvrages

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Nouvelle-Calédonie - 2004